Le conflit entre QAI (Qualité de l’Air Intérieur) et performance énergétique

Un peu avant que l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) ne lance la nouvelle campagne d’étude et de mesures (CNL2), il est intéressant de relire les résultats d’une précédente en 2009-2010. On y voit que dans les maisons passives (Passivhaus) et Bâtiment Basse Consommation (BBC) le niveau de perméabilité à l’air peut parfois être un facteur aggravant même en présence d’une ventilation mécanique. Bruyante et difficile à entretenir et à régler, la ventilation n’est peut être pas encore à la hauteur du conflit de performances entre performance énergétique et renouvellement de l’air intérieur.

 

Un équilibre difficile à trouver

Nous en faisions déjà part dans un précédent article, la nécessaire réduction de la perméabilité à l’air des logements pour atteindre le seuil des 0,6 m³/h/m² du label BBC (Bâtiment Basse Consommation) rendu obligatoire par la RT2012 est en conflit avec l’indispensable Taux de Renouvellement de l’Air (TRA) que doit assurer la ventilation obligatoire.

 

L’exemple des périodes d’occupation des logements est significative à ce titre. C’est la présence humaine qui est bien évidemment une cause de concentration en CO2 (due à la respiration) qu’il faut évacuer, en augmentant le débit de la ventilation ; Or c’est à ce même moment, en période d’occupation que l’on met en marche le chauffage pour obtenir le confort souhaité.

Au niveau de la concentration en polluants, on cumule alors durant la période d’occupation, les suies, fumées, particules ou poussières du dispositif de chauffage avec l’humidité et le CO2 du chauffage (par combustion) et de la présence humaine.

Augmenter à ce moment le débit d’air d’une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) est appréciable pour la santé des occupants mais préjudiciable au confort (température et bruit) et aux économies d’énergie puisque les dispositifs de ventilation sont souvent une nuisance sonore et rejettent à l’extérieur la chaleur produite.

 

Bon à savoir : La plupart des VMC sont désormais hygroréglables c’est à dire que le débit d’air s’ajuste automatiquement au taux d’humidité dans l’air intérieur. Lors des périodes d’occupation où les habitants rejettent l’humidité de leur respiration et utilisent l’eau en cuisine et en salle de bains, la VMC augmente son débit pour le diminuer ensuite lorsque le taux d’humidité de l’air redescend après que les occupants aient quitté le logement.

 

En période d’inoccupation, la plupart des VMC étant hygroréglables, le débit d’extraction d’air diminue (alors que le chauffage est généralement éteint) mais ce sont alors les COV (Composés Organiques Volatils) qui stagnent dans l’air intérieur.

 

Au résultat, il apparaît que si la VMC (classique et/ou hygroréglable, simple ou double flux) fonctionne très correctement au niveau de l’évacuation du CO2 et de l’humidité ; en termes de confort des occupants (maintien de la chaleur ou du rafraîchissement, nuisances sonores, extraction des COV) elle fonctionne à l’inverse de ce que souhaitent les occupants. Il faudrait, dans le cadre de la réduction des consommations en énergie, pouvoir contrôler les ventilations avec d’autres facteurs que la seule hygrométrie.

 

Durant une campagne précédente l’OQAi avait conclu que l’air dans les logements neufs apparaissait bien plus chargé en polluants que dans les logements anciens (plus d’un an). « les concentrations des COV et des aldéhydes cibles de l’OQAI peuvent, selon les composés considérés, être jusqu’à 10 plus élevées que celle de la campagne nationale. Ceci pourrait être lié au caractère récent des constructions étudiées dans cette étude » Source Rapport de l’OQAI.

 

C’est principalement en raison des COV émis par le mobilier, les isolants, les matériaux de la construction et de la décoration qu’un logement neuf devrait être ventilé à débit élevé en permanence que ce soit avant son occupation (délai entre l’achèvement des travaux et l’entrée dans les lieux) ou durant la première année de son occupation (en présence ou en l’absence des occupants).

Bien évidemment, avant que le logement ne soit occupé il est rare qu’il y ait une volonté ou la possibilité de l’alimenter en énergie pour actionner la VMC, et durant la première année d’occupation d’un logement économe en énergie (acheté plus cher qu’un logement énergivore) on conçoit que les occupants veillent à leurs consommations.

 

Améliorer et fiabiliser les systèmes de ventilation

Au final, la difficile équation qui consiste à maintenir le confort (y compris acoustique) des occupants tout en réduisant la perméabilité à l’air des logements afin de limiter les consommations en énergie tout en assurant la QAI indispensable à la santé (COV, CO2, radon…) semble devoir être résolue par l’ajustement et la programmation multicritères des VMC.

A ce titre, au sujet des systèmes de ventilation , le rapport entrevoit également des améliorations à leur appliquer « Il apparaît que ces bâtiments présentant une très faible perméabilité à l’air sont équipés de systèmes spécifiques de ventilation mécanique contrôlée à double flux. Ces systèmes semblent peu robustes vis-à-vis des occupants, complexes à l’usage et contraignants pour leur entretien et leur maintenance ».

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Specialiste du diagnostic immobilier et du marché de l'immobilier
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